À la BNF jusqu’au 22 janvier 2022.

L’écriture proustienne :
Proust note des idées sur des carnets pour alimenter son oeuvre:


Il a parfois recours au dessin :

Il ne cesse de retoucher ses écrits, de biffer (= barrer, annuler d’un trait de plume ce qui est écrit) des passages entiers et de les réécrire:








Ses manuscrits sont couverts de papiers portant ses corrections et que l’on a appelés paperoles (ajout rédigé sur un papier collé à un manuscrit) :


Proust écrit par sédimentation (= apports successifs) et déplacement de fragments qu’il réécrit de nombreuses fois puis monte, démonte, remonte, à la manière du bâti d’une robe, qui est assemblée, faufilée, avant d’être cousue.
Les « paperoles » sont des morceaux de papier ajoutés par Proust dans les cahiers, les dactylographies ou les épreuves, qui lui permettent d’amplifier son texte ou d’en déplacer des parties.
« Mes livres sont une construction, mais à ouverture de compas assez étendue pour que la composition, rigoureuse et à qui j’ai tout sacrifié, soit assez longue à discerner. »
Les robes de Mme Swann sont des allégories du livre par leur imbrication de modes d’époques différentes et le soin apporté au « détail exquis » de leur facture.
Le dernier tome révèle l’ampleur du plan de l’architecte : « épinglant ici un feuillet supplémentaire, je bâtirais mon livre, je n’ose pas dire ambitieusement comme une cathédrale, mais tout simplement comme une robe« .
Les instruments d’optique en lien avec l’oeuvre proustienne :
- le kinétoscope : appareil d’Edison, fondé sur la persistance des images sur la rétine, qui restitue la sensation d’un mouvement dans sa totalité grâce au déroulement accéléré des photographies successives qui le composent et que les spectateurs regardent individuellement au moyen d’une lentille (positions successives du cheval au galop)
- La lanterne magique : instrument qui projette des images sur une toile ou sur un mur blanc
- Le lampascope : sorte de lanterne magique qui peut être adaptée à une lampe quelconque
- Le kaléidoscope : Proust compare les vicissitudes de la vie sociale à un kaléidoscope dont les morceaux de verre colorés se recombinent quand il est agité.
Les 7 tomes de La Recherche :
À la recherche du temps perdu
- Du côté de chez Swann (I. Combray ; II. Un amour de Swann ; III. Noms de pays : le nom)
- A l’ombre des jeunes filles en fleurs (I. Autour de Mme Swann ; II. Noms de pays : Le pays)
- Le côté de Guermantes (tomes I et II)
- Sodome et Gomorrhe (tomes I et II)
- La prisonnière (édition posthume)
- Albertine disparue (édition posthume)
- Le temps retrouvé (édition posthume)
Proust a d’abord écrit le premier tome (Du côté de chez Swann), puis le dernier (Le temps retrouvé), puis tout ce qu’il y a entre les deux.
Mort de Proust le 18 novembre 1922 : Affaibli par son asthme chronique, il contracte une pneumonie et refuse tous les soins. Il continue de travailler jusqu’au bout sur La Recherche.
Du côté de chez Swann :
Souvenirs de réveils, des différentes chambres dans lesquelles le narrateur a dormi, et des différentes personnes qu’il a connues.
Série d’épiphanies (= manifestation d’une réalité cachée) de la mémoire involontaire.
Episodes :
- le baiser du soir
- la lanterne magique
- la petite phrase de la sonate de Vinteuil : Musique devenue « air national » de l’amour de Swann et d’Odette, qui rappellera à Swann la fin de cet amour lorsqu’il l’entendra à nouveau.
- la petite madeleine : La rencontre fortuite avec le goût d’une petite madeleine en forme de coquille Saint-Jacques trempée dans le thé ouvre la porte des souvenirs et fait revivre la tante Léonie.
Le côté de Guermantes :
Le héros aspire à être reçu dans le Faubourg Saint-Germain, parce que le nom de la duchesse de Guermantes l’émerveille (tome I). Mais une fois introduit, il est profondément déçu (tome II).
Le Temps retrouvé :
Dénouement esthétique et romanesque de l’oeuvre.
La narrateur trébuche sur les pavés mal équarris (= taillés imparfaitement, grossièrement) de la cour de l’hôtel des Guermantes, et cette sensation lui rappelle les dalles inégales du baptistère de Saint-Marc à Venise.
Alors que le narrateur a renoncé à sa vocation littéraire, 3 réminiscences (pavés inégaux, bruit d’une cuiller, serviette empesée) révèlent au narrateur l’instrument de son art : la sensation qui déclenche la mémoire involontaire, annule le temps et exprime l’essence des choses. C’est pour lui la révélation d’un art d’écrire, fondé sur la sensation , la mémoire et la métaphore, qui lui permettent de retrouver « un peu de temps à l’état pur ». Le narrateur sait désormais comment réaliser sa vocation et se retire pour se consacrer à une oeuvre qui incorporera le Temps.
Les derniers mots de La Recherche (« dans le Temps« ) font écho au premier mot (« Longtemps« ).
L’homosexualité :
Le narrateur découvre l’homosexualité, le « monde de Sodome« , la « race maudite » des « hommes-femmes » descendant des habitants de Gomorrhe, dans des scènes de voyeurisme :
- Il observe les ébats de Mlle Vinteuil et de son amie.
- Il surprend la rencontre entre le baron de Charlus et Jupien.
- Il a des soupçons sur les moeurs d’Albertine, qui lui confie son intimité avec Mlle Vinteuil, choc qui ressuscite chez le narrateur la scène entre Mlle Vinteuil et son amie.
La judéité :
Swann, affecté par l’affaire Dreyfus, renoue avec ses origines juives.
Les villes :
Le Paris de la première guerre mondiale rappelle dans La Recherche le Bagdad des Mille et une nuits, Pompéi, et Sodome : Proust compare la vie à Paris aux « derniers jours de (…) Pompéi », attendant « la lave de quelque Vésuve allemand » qui anéantirait tout.
La perte après coup de la grand-mère :
Le héros, en se déchaussant, effleure le bouton de sa bottine, que sa grand-mère l’avait jadis aidé à retirer. C’est alors que le chagrin de la mort de sa grand-mère lui apparaît, comme « après coup ».
Les scènes d’éblouissements esthétiques :
- l’écoute du septuor
- le voyage à Venise : Rêveries vénitiennes du narrateur sur le point de partir pour l’Italie. Le nom de Venise participe à la rêverie sur les noms (chapitre intitulé « Nom de pays, le nom »).

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